Pipe en  bruyère. Tour génoise et serpent au talon. Région d'Orezza, Corse, France. XIXe siècle.
 

 

Tête de serpent servant de talon.
Pranzini, une tête d'assassin...
Bestiaire pipier 1
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Tout le monde connaît aujourd'hui les noms de Lacenaire, Landru, Petiot, Nozières. Pranzini est inconnu de la plupart d'entre nous. Il alimenta pourtant suffisamment les chroniques judiciaires de la fin du 19 ème siècle pour que la manufacture Fiolet à Saint-Omer fige son portrait dans la terre à pipe.

Né en 1856, Henri, Jacques, Ernest PRANZINI, après avoir été employé des Postes Egyptiennes, se retrouva sans profession ni domicile fixe. Il fut inculpé d'un triple assassinat (rue Montaigne, à Paris, dans la nuit du 19 au 20 mars 1887) dont celui d'une prostituée, Claudine, Marie Regnault (alias Régine de Montille).

Pranzini
Manufacture Fiolet
Saint-Omer, France
Circa 1887


Condamné à mort le 13 juillet suivant, son exécution par le bourreau Deibler et ses assistants eut lieu le 31 août de la même année à la prison de la Roquette à Paris. Anatole Deibler, le plus célèbre bourreau de la République, exécuta durant sa "carrière" 395 condamnés à mort, des plus anonymes aux plus célèbres (Ravachol, Landru...). De 1885 à 1939 il coucha minutieusement, dans plusieurs carnets de notes, ses impressions sur ces exécutions. Longtemps tenus secrets, ces carnets ont été adjugés en 2003 pour 100 000 euros à Drouot et publiés en 2004 * ...

Le journal La Croix paru au lendemain de son exécution devait se faire l'écho de sa "conversion".
"L'aumônier se met devant lui pour lui cacher la sinistre machine. Les aides le soutiennent: il repousse et le prêtre et les bourreaux. Le voici devant la bascule. Deibler le pousse et l'y jette. Un aide, placé de l'autre côté, lui empoigne la tête, l'amène sous la lunette, le maintient par les cheveux.Mais avant que ce mouvement se soit produit, peut-être un éclair de repentir a-t-il traversé sa conscience. Il a demandé à l'aumônier son crucifix. Il l'a deux fois embrassé.Et quand le couteau tomba, quand un des aides saisit par une oreille la tête détachée, nous nous disons que si la justice humaine est satisfaite, peut-être ce dernier baiser aura satisfait aussi la justice divine, qui demanda surtout le repentir."

Selon l'abbé Faure, aumônier de la prison de la Roquette, Pranzini parlait correctement huit langues et occupait son temps à la traduction d'extraits de l'oeuvre d'Alexandre Dumas. A la veille de son exécution, l'ancien employé des postes devait passer plus de deux heures en tête à tête avec l'homme d'Eglise. Au cours de son incarcération il devait avoir également plusieurs entretiens avec l'abbé et assister à plusieurs de ses messes.

Rares sont les pipes en terre cuite qui représentent des assassins. On peut toutefois signaler l'existence d'une pipe fabriquée par Gambier, autre manufacture célèbre installée à Givet. Il s'agit du portrait de Gabrielle Bompart (né en 1868), commandé à Gambier par un comité de défense.
Gabrielle Bompart fut condamné à 20 ans de travaux forcés en raison de sa participation au meurtre de Gouffe, huissier de justice dont le corps putréfié est découvert le 13 août 1889 à Millery dans l'Aude. Attiré sous un "prétexte galant" dans son appartement, Gouffe est étranglé par Michel Eyraud (né en 1842), l'amant de Bompart. Eyraud lui dérobe 250 francs, une montre et une chaîne en or ainsi qu'une bague ornée de 2 diamants. Condamné le 20 décembre 1890, Eyraud est exécuté le 3 janvier 1891. Libérée en 1903, Gabrielle Bompart décède, elle, en 1920.

 

Sources :

  • *JAEGER Gérard A., Anatole Deibler. Carnets d'exécution (1885 - 1939), Editions de l'Archipel, Paris, 2004
  • LAURENZ Paul, L'affaire Pranzini, Presses de la Cité, Paris, 1971
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