Ange pétuneur. Détail d'une partition de la célèbre chanson "J'ai du bon tabac", composée par l'abbé de Lattaignant au XVIIIe siècle. France. XIXe siècle.
 

 

Le feu magique ...
une statuette pyrogène de
        la société Bruder-Bloch
un pyrogène marocain
        des années 20-30
un marin-pêcheur,
        briquet de comptoir

un rare porte-fidibus décoré
        d'après une lithographie
        de Boilly !

Vous êtes ici : un rare porte-fidibus décoré d'après une lithographie de Boilly !
 

Cette boîte demi-ovale, ornée d'un soleil rayonnant (selon nous choisi pour sa métaphore du feu) et d'un buste de fumeur de pipe en terre, est un porte-fidibus.

De tels objets de dinanderie, que l'on posait ou accrochait au mur, contenaient de longues mèches rigides : les fidibus. Ancêtres de l'allumette, ces petites tiges de bois ou ces papiers enroulés en bâtonnets étaient destinés à transporter le feu de l'âtre à la pipe que l'on voulait allumer.

Depuis l'apparition de la pipe en Europe et durant toute la renaissance, on se servait de ces accessoires pour donner le feu. Les porte-fidibus pourraient dater de cette époque...


Porte-fidibus mural en laiton repoussé
(décor de fumeur, soleil rayonnant)
d'après une lithographie de Boilly
Nord de la France,
circa 1840





Le porte-fidibus... garni de fidibus,
des papiers enroulés en bâtonnets

Le mot même de "fidibus" demeure une énigme.

Ce mot ne figure pas dans les dictionnaires français comme le Littré ou le de La Châttre. Pour en savoir plus il faut se référer au fameux dictionnaire allemand de Grimm qui situe l'éclosion du fidibus parmi les nombreuses corporations estudiantines de son pays. Ces corporations avaient toutes la même devise "fidibus-fratribus" (fidèles et fraternels). Ce mot serait donc une corruption de cette devise latine.

Selon d'autres, "fidibus" serait la déformation des mots français, "fil de bois" !

Le débat reste ouvert ...



En laiton repoussé, le décor de notre exemplaire est inspiré de l'un des personnages de la lithographie de Boilly, "Les Fumeurs et les Priseurs", exécutée vers 1825. Cette dernière représente, sous forme de bustes enchevétrés, trois fumeurs, une femme prisant tabatière à la main et une autre sur le point d'éternuer !

Manque à notre porte-fidibus le nuage de fumée que l'artisan a représenté à la manière des bulles de nos bandes dessinées. Celui-ci est cassé au ras de la bouche du pétuneur.

Le peintre Louis-Léopold Boilly (La Bassée près de Lille, 1761 - Paris, 1845), également dessinateur, miniaturiste, graveur et lithographe s'est illustré dans ces représentations de la vie quotidienne.


Pipe en terre aux lèvres,
tabatière à la main





Le porte-fidibus et son assemblage
de feuilles de laiton soudées

Très populaires, ces chefs-d'oeuvre de l'imagerie populaire qui caricaturaient ses contemporains ("Les Lunettes", "Les Amateurs de Cafés", "Ah, qu'il est bon !", montrant cinq priseuses en action ...) étaient déjà collectionnés de son vivant. Il n'est donc pas étonnant que la lithographie "Les Fumeurs et les Priseurs" aient été choisie pour orner une paire de porte-fidibus !



Ce porte-fidibus a en effet un pendant, orné du même soleil sur le pot et d'une vieille femme en train de priser en effigie.

Ce personnage se retrouve également, accompagné de feuilles de vigne et de grappes de raisin, sur des pots à tabac en grès.

Il existe des variations à cette paire de porte-fidibus.

Nous avons déjà rencontré des pièces uniquement destinées à être posées, car démunies d'un trou de suspension...

Des détails dans l'ornementation peuvent également différer. L'ex-Seita (aujourd'hui Altadis) possédait dans ses collections, sous les numéros 441 et 442, une paire de porte-fidibus dont le bord supérieur du pot, en encadrement du soleil, est orné d'une ligne de cercles concentriques, estampés en creux. La veste du fumeur ne comporte pas de boutons, à l'inverse de notre exemplaire.


"Mère et fils"
( belle lithographie
rehaussée à la main : E. Leroux,
Imprimerie de Guillet)
XIXème siècle, France

Au coin du feu, pensif, un grognard
fume une terre. Un sabre, un bicorne
et une gravure du "petit caporal"
rappellent son passé militaire...





Un rare témoignage graphique : accroché
à la paroi de la cheminée, un porte-fidibus !

On date généralement ces porte-fidibus inspirés de Boilly des années 1840.

Pourquoi ne pas proposer une fourchette plus basse, celle de l'apparition de la lithographie de Boilly , ... mystère !

Ces objets tabagiques seraient originaires du Nord de la France.





Fidibus à la main, un garçonnet
allume sa pipe en bois

( carte affranchie le 29 avril 1906)


Le peintre Gustave Courbet
(1819 - 1877) allumant sa pipe
en terre à l'aide d'un fidibus,
par le caricaturiste André Gill

(Couverture du journal l'Eclipse)

 

Sources :

  • ANONYMES (réunion d'auteurs), Histoire du tabac et de ses usages, Musée du Seita, catalogue, Paris, 1979
  • ANONYMES (réunion d'auteurs), Histoire du tabac et de ses usages, musée - galerie de la seita, catalogue, Paris, 1992
  • CLERGEOT Bernard, Tabac et sociétés II : L'herbe de tous les Maux, 2nd tome du catalogue raisonné du Musée d'Anthropologie d'Intérêt National du Tabac de Bergerac, Ville de Bergerac, 1991
  • DELALANDE Dominique, La fleur du mal - cinq siècles d'objets d'art autour du tabac, 16 septembre - 19 février 1995, Trianon de Bagatelle, Paris, 1994
  • FAVETON Pierre, Autour du tabac - Tabatières, Pipes, Cigares, Allumettes et Briquets, Paris, Ch. Massin Editeur, 1988
  • JAKOVSKI Anatole, L'épopée du tabac, Editions d'Art et d'Industrie, Max Fourny, Paris, 1971
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