"La quille", même avec
75 jours d'avance, cela se fête !
Disputant une partie de cartes, pipes
au bec, des troupiers fêtent déjà leur
prochaine libération !
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A 75 jours de "la quille",
des troupiers
fêtent leur prochaine libération !
France, début du XXème siècle
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Quelques mots, traçés
sur une ardoise, légendent cette scènette :
"75 demain matin
Une partie de rhams au camp.
Les fines pipes"
Le nombre 75 représente à
l'évidence le temps qui sépare ces soldats de l'infanterie,
de la fin de leur période de conscription. Ces
recrues portent également traçé, sur leur
calot de feutre, ce nombre symbolique qui indique que "la
quille" est proche (voir à ce sujet la pipe d'un appelé du contingent durant la Guerre d'Algérie).
Aisément reconnaissable à ses insignes de manche
en forme de lyre, le musicien qui se tient à droite du
groupe des joueurs porte également ce nombre sur sa veste.
D'origine probablement populaire,
le mot "rhams" pourrait désigner le rami,
ce jeu de cartes qui se joue avec 52 cartes et un joker.
Tous, à l'exception du conscrit
de gauche en train de terminer son repas, bouffarde posée
sur la table, fument des pipes. Deux fumeurs sont des adeptes
de pipes en terre cuite ; une seule est visible, il s'agit d'une
Jacob, très certainement une Gambier du moule n° 998.
Trois de leurs camarades fument des bruyères courbes à
virole, plus précisément des pipes de forme hongroise.
De telles pipes étaient à la mode en ce début
de XXème siècle. Installée à Baumes-les-Dames
dans le Doubs, l'usine de pipes Ropp fabriquait un modèle
de ce type, "La Cosaque", bouffarde dont la virole dorée
cachait un système renforçant le floc et qui était
breveté S.G.D.G. Le dernier conscrit en train d'abattre
un as de pique fume une "Dublin", pipe droite dont le
foyer évasé s'incline légèrement à
l'avant.
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